La Routo
De Arles (Bouches-du-Rhône) au Col de Ruburent (Alpes-de-Haute-Provence)

Homologué sentier de Grande Randonnée en juin 2020, c’est un itinéraire transfrontalier dont l’essence est de valoriser les métiers, les produits et le patrimoine liés à la grande transhumance.
“Il relie Arles (Bouches-du-Rhône) à Borgo San Dalmazzo, dans la région du Piémont en Italie.”

La transhumance fait partie des référents les plus profondément ancrés dans l’histoire et l’imaginaire des peuples du bassin méditerranéen et des montagnes qui l’entourent.
C’est “La” Transhumance : jusqu’à 600 000 moutons sur les routes de Provence.
- Les découvertes archéologiques font apparaître l’existence de bergeries remontant à l’époque romaine et, probablement, à l’Age du Fer : La découverte dans les années 1990 dans la plaine de la Crau de fondations de nombreuses bergeries datant de l’époque romaine et de l’âge du Fer a laissé penser que déjà dans l’Antiquité des troupeaux d’ovins transhumaient.
- Le savant romain Pline l’Ancien rapporte que dans les « Plaines de pierre » de la province Narbonnaise les moutons ” par milliers convergent depuis des régions lointaines pour brouter ” .

Pendant l’hiver, les communautés montagnardes sont obligées de descendre chercher l’herbe dans les plaines afin de nourrir les troupeaux dans des bergeries. Le coût devient trop élevé lorsque la taille des troupeaux augmente , le haut moyen Age verra la fin de cette activité , car l’organisation politique organise l’espace géographique de façon trop clivante avec l’apparitions des diverses baronnies en Provence.
Le balancement des troupeaux se remet en place dès avant le XIIe siècle à l’initiative des communautés montagnardes, qui ne peuvent nourrir en bergerie des troupeaux importants durant les longs hivers, et vont chercher l’herbe des plaines.
Les grands monastères (abbaye Saint-Victor de Marseille, abbaye Notre-Dame de Boscodon…), les imitent dès le XIIIe siècle en mettant en valeur leurs possessions dans le haut comme dans le bas pays, imités, à partir du XIVe siècle par les grandes familles nobles.

Il s’agit alors d’une transhumance de la plaine à la montagne, avec des troupeaux de mille bêtes et plus.
Les archives du Comté de Nice font état de contrats passés au début du XIVe siècle, entre des montagnards et des éleveurs de basse Provence : Les premiers ayant rapporté au pays les troupeaux des seconds. C’est à partir de 1325 que l’on voit des éleveurs envoyer en commun de gros troupeaux (de près de 2000 têtes) vers les pâturages de haute montagne.
On distingue deux types de transhumance verticale :
- La transhumance estivale (ou transhumance normale), qui est la montée dans les pâturages d’altitude des troupeaux originaires des basses plaines. Dans la vallée d’Aoste on parle d’inalpe.
- La transhumance hivernale (ou transhumance inverse), qui est le fait de troupeaux d’altitude, lesquels, l’hiver venu, fuient les rigueurs du climat montagnard en descendant vers les plaines tempérées. Dans la vallée d’Aoste, on parle de désalpe.

L’expression de “transhumance double” est utilisée dans les cas où des élevages situés en moyenne montagne exploitent alternativement des pâturages situés plus bas et plus haut.

À partir de 1985, alors que la Politique agricole commune (PAC) européenne incitait à la réduction des coûts de structure, la relative défaite des systèmes intensifs d’élevage ovin conduit à un retour au modèle extensif , centralisé et fortement spécialisé : l’élevage moderne est né .
La transhumance à pied est remplacée par la transhumance en train, puis en camion. En 1995, seulement 75 000 animaux, sur les 400 000 chèvres et moutons des Abruzzes, effectuaient la transhumance vers les Pouilles.
Aujourd’hui, la transhumance des troupeaux depuis les plaines de basse Provence vers les hautes vallées alpines se pratiquent exclusivement en camions.

Seuls certains troupeaux qui hivernent dans le Var, les Alpes Maritimes ou les Alpes-de-Haute-Provence, continuent de cheminer à pied vers les alpages les plus proches. La transhumance est un phénomène économique essentiel dans le sud-est de la France, avec plus de 550 000 têtes qui estivent dans les Alpes, depuis le massif du Mercantour jusqu’à celui du Mont-Blanc.
Au-delà de cette grande transhumance estivale, la plus emblématique, de nombreux éleveurs pratiquent d’autres formes de déplacements des troupeaux, qualifiés de nos jours d’estive locale ou de transhumance hivernale.

Sur le plateau de Valensole ou au long du Verdon, une vingtaine d’irréductibles éleveurs pratiquent la transhumance à pied : Bras croisés sur le torse, yeux bleus perçants éclairant un visage dur tanné par le soleil, Gilles Mistral (un nom adéquat , mais c’est naturel ! Gilles est issu d’une famille de berger depuis neuf générations ! ) , 54 ans, regarde, avec la responsabilité d’un capitaine de vaisseau, passer à ses pieds cette houle laineuse.

Ce troupeau, ce raye comme l’on dit en patois, lui appartient. Avec quelque 2800 têtes, c’est l’un des plus importants du Var. Et en ce troisième week-end de juin, les bêtes entament leur grand voyage, qui les mènera, en sept jours et 150 kilomètres, des plaines de basse Provence jusqu’à l’herbe grasse des alpages où elles prendront leurs quartiers d’été.
“J’ai repris la transhumance à pied il y a dix ans par amour de ce métier.
Ca fait partie de la vie et de la fierté du berger d’avancer avec ses moutons, son bâton et ses chiens”
dit-il.
La transhumance exige une sérieuse organisation. Il faut sept hommes et autant de chiens pour accompagner 2.200 moutons. Face à la difficulté de trouver des bergers, Gilles Mistral fait appel à des amis, les mêmes depuis dix ans. “Ils exercent une autre profession et m’aident sur leur temps de vacances pour encadrer les bêtes le long du parcours”.
Le troupeau se déplace la nuit pour éviter la chaleur et la circulation routière. “Avant, des chemins de passage de 40 m de large étaient réservés aux troupeaux. Mais lotissements et piscines ont grignoté cet espace”.
Au sommet du col d’Allos, les moutons occupent des prés en location.

“Ca fait cinquante-trois ans que l’on va au même endroit”.
Gilles Mistral est le dernier berger de la Garde Freinet, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Tropez. Les espaces libres y sont rares et les villas luxueuses, nichées dans les pinèdes, ont remplacé les terres agricoles…
“Pour faire pâturer les moutons, je dois les déplacer sur sept communes en les changeant tous les quinze jours. Chaque année, il y a de moins en moins de parcelles inoccupées. Les propriétaires préfèrent vendre à des promoteurs immobiliers”, dit Gilles Mistral.
Ce manque d’espace l’oblige à laisser son troupeau le plus longtemps possible dans les Alpes. “Parfois jusqu’à la mi-janvier alors qu’un retour de transhumance s’effectue habituellement, au plus tard, à la mi-novembre”.
Pessimiste sur le devenir de son métier en raison du faible rendement économique, Gilles Mistral se rassure en affirmant qu’être berger est “synonyme de liberté”.
Le Gr 69
Le GR69 La Routo est un sentier de Grande Randonnée transfrontalier créé en 2020 qui relie la plaine de la Crau dans les Bouches-du-Rhône à la vallée de la Stura en Italie en passant par les Alpes-de-Haute-Provence, soit 33 étapes au total pour 540 km de long et un dénivelé positif d’environ 17 500 m.

Il emmène le randonneur sur les traces de la transhumance et du pastoralisme avec l’ambition de valoriser ces pratiques mal connues. Son itinéraire s’appuie sur les anciennes drailles et carraires de transhumance.

L’itinéraire est très riche : La Routo permet la découverte des paysages parmi les plus emblématiques et diversifiés de nos territoires de la Provence aux Alpes, depuis le delta de Camargue, la steppe de la Crau, le plateau de Valensole avec ses champs de lavande jusqu’aux sommets et lacs alpins. De nombreux espaces naturels protégés sont traversés : Parcs naturels régionaux de Camargue, des Alpilles et du Verdon, Parc national du Mercantour, Réserve naturelle nationale des coussouls de Crau, Grand Site Sainte Victoire , Réserve naturelle nationale de Haute-Provence, UNESCO Géoparc de Haute-Provence et le Parco naturale Alpi Marittime.
33 Etapes !
Voir les étapes : nous sous conseillons de vous reporter au site :
https://larouto.eu/category/decouvrir-les-etapes/
l’itinéraire est aménagé dans sa totalité : les marques rouges et blanches ont été posées d’Arles à Borgo San Dalmazzo par les bénévoles des comités départementaux de randonnée pédestre.
- Arles – Maussane
- Maussane – Aureille
- Aureille – Salon
- Salon – Pélissanne
- Pélissanne – Éguilles
- Éguilles – Aix en Provence
- Aix en Provence – Vauvenargues
- Vauvenargues – Rians
- Rians – Vinon-sur-Verdon
- Vinon-sur-Verdon – Valensole
- Valensole – Riez
- Riez – Saint-Jurs
- Saint-Jurs – Bras d’Asse
- Bras d’Asse – Le Chaffaut
- Le Chaffaut – Digne-les-Bains
- Digne-les-Bains – La Javie
- La Javie – Le Vernet
- Le Vernet – Seyne-les-Alpes
- Seyne-les-Alpes – Vallon du Laverq
- Vallon du Laverq – Méolans-Revel
- Méolans-Revel – Barcelonnette
- Barcelonnette – La Condamine
- La Condamine – Saint-Ours
- Saint-Ours – Col de Larche
- Col de Larche – Bersezio
- Bersezio – Ferrere
- Ferrere – Pontebernardo
- Pontebernardo – Sambuco
- Sambuco – Vinadio
- Vinadio – Demonte
- Demonte – Paraloup
- Paraloup – Valloriate
- Valloriate – Borgo San Dalmazzo
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Bonne balade !
Ah! Une dernière chose !
