Auteur : Philippe Natalini, l’enquêteur de Section de recherche en
Gendarmerie , devenu romancier pour raconter le débarquement de Provence.
Philippe Natalini
Dans la continuité des contes et légendes, je vous parle aujourd’hui d’une des coutumes ou tradition provençale célébrant Noël, celle de la bûche (calendau, en provençal) et de son allumage ( Cacho-fio)…
Le Cacho-fiò est une très ancienne tradition encore conservée dans certaines familles ou communes provençales qui consiste en l’allumage de la bûche de Noël le jour du Réveillon de Noël juste avant le Gros Souper : Le cacho fiò ou cacho-fue (cacha-fuòc, ) est une ancienne cérémonie liée à Noël et au solstice d’hiver durant laquelle l’on met une grosse bûche d’arbre fruitier au feu.
Mais cette cérémonie est bien antérieure au christianisme : Liée au paganisme, elle avait été christianisée puisqu’elle s’accompagne d’une bénédiction, durant le transport de la bûche vers le foyer.
Liée aux civilisations celto ligures , cet allumage rituel de la bûche de Noël correspondait à un rite du feu caché et présageait le retour du feu neuf,
le feu du premier Soleil de la nouvelle année .
Mais la civilisation gréco romaine suivait les mêmes rites , en faisant du 25 décembre , le solstice d’hiver tombait alors le 25 décembre une fête officielle appelée le « jour de naissance du Soleil » (du latin dies natalis solis invicti).
Constantin Ier, le premier empereur romain converti au christianisme, fut au début de son règne adepte du Soleil invaincu, comme en témoignent ses émissions monétaires.
Il a fait du dimanche (appelé à Rome « jour du soleil ») un jour de repos en hommage au Sol Invictus par une loi du 7 mars 321.
Un des titres messianiques appliqués à Jésus étant « soleil de justice », un syncrétisme avec le symbolisme solaire romain et les traditions des celtes fut effectué dans un contexte chrétien.
En fait, “Cacha le feu” signifie l’allumer.
Lors de cette cérémonie des familles Provençales , le plus âgé de la famille, le «papé», et le plus jeune, le « caganis », apportent ensemble la plus grosse bûche issue d’un arbre fruitier (le plus souvent celle d’un cerisier, olivier ou amandier), qui doit être mort de façon naturelle, par la foudre ou le gel et qui doit brûler pendant trois jours et trois nuits , ils font trois fois le tour de la table recouverte de trois nappes (symbole de la Trinité) avant de bouter le feu.
Ensuite, la bûche est posée dans le feu et l’aïeul l’arrose par 3 fois de vin chaud
pendant qu’il prononce ces paroles :
Puis, tout le monde boit du vin chaud et passe à table.
La bûche doit brûler pendant trois jours et trois nuits et les charbons sont conservés pour protéger la maison.
La bûche doit durer jusqu’à l’épiphanie.
Donc on l’a remet au feu un peu tous les jours.
Le reste de la bûche est conservée et on l’a rallume les jours d’orage pour épargner la maison de la foudre.
Les paysans déposent des morceaux de charbon provenant de la bûche dans les étables pour protéger le bétail des maladies.
Cette cérémonie symbolise surtout la famille.
Les anciennes générations qui transmettent
et la nouvelle qui sera la continuité, l’avenir.
Ce rituel permet de protéger les siens et d’assurer d’avoir une bonne année.
Alors passez de bonnes fêtes du soleil invaincu !
Unis et tous ensemble .
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