Pas de Panique !
Les bombes de graines semblent devenir la préférence d’acteurs de la reforestation mondiale.
Dans la forêt de Nyakweri, qui jouxte la célèbre réserve animalière du Masai Mara, dans le sud-ouest du Kenya, il n’a fallu qu’une poignée de minutes aux huit rangers de l’ONG Mara Elephant Project pour disperser dans cette clairière quelque 22000 «bombes à graines».

«C’est très simple»
souligne Jackson Maitai, dont l’unité de gardes forestiers patrouille quotidiennement pour protéger l’habitat des éléphants et a récemment découvert cette zone détruite par l’abattage illégal.
Ils en profitent ce jour-là pour amorcer sa régénération.
«Les «bombes à graines» ne sont pas lourdes.
On les lance juste un peu partout, là où nous observons de la déforestation».

Comment ça marche ?
Les boulettes sont composées d’un mélange de graines, de compost et d’argile. On peut les jeter par-dessus n’importe quelle barrière et sur n’importe quel terrain. L’argile protège les graines lors de la retombée sur le sol, elle conserve une certaine humidité à l’intérieur de la boulette et protège des rayons du soleil.
Dans la nature, si vous jetez des graines «nues», une grande partie d’entre elles seront mangées par les souris, les oiseaux ou les insectes. On les protègent donc dans du charbon de l’argile (…) Elles vont rester là, attendre l’arrivée de la pluie qui fera fondre l’enrobage. Elles pourront commencer à pousser».

Chaque été dans notre région forêts et garrigues
partent en fumée.
Pour reboiser des zones parfois difficiles d’accès, une entreprise de Martigues fabrique des bombes de graines prêtes à être lancées dans la nature.
L’entreprise fabrique des boules d’argile contenant des petites graines d’essences d’arbres “dont les variétés ont été sélectionnées avec une diversité plus résistante aux incendies, et ce, avec l’accord de l’Office des Forêts”, explique son créateur Rémi Bagur (Oxygéne +)
“Les seed-bombs sont très anciennes, explique Rémi Bagur. Les Égyptiens l’utilisaient après les crues du Nil pour revégétaliser. Plus récemment, la ville de Detroit, aux USA, s’est servie de bombes de semences comestibles sur des terrains abandonnés, au point d’être quasiment autosuffisante aujourd’hui.“
France 3 lui a consacré une interview :
Les essences utilisées sont validées par l’Office National des Forêts. Les essences choisies le sont pour leur résistance et parce qu’elles sont moins combustibles.
•Arbousier
•Astragale de Montpellier
•Cerisier de Sainte Lucie
•Ciste de Montpellier
•Érable de Montpellier
•Frêne à fleur
•Garoupe
•Genévrier oxycèdre
•Lin de Narbonne
•Pistachier lentisque
•Chêne vert
•Chêne pubescent
•Romarin
Comment faire vous méme des bombes à graines ?
Aussi appelées seed bombs, les bombes à graines pourraient bien sauver la planète ! Inventées dans les années 70 en plein mouvement « Flower Power », elles font leur grand retour.

Aux armes Provençaux et autres Citoyens !
Pour notre recette, nous employons de l’argile en poudre, facile à trouver à petits prix dans les magasins bio pour le citadin pressé. Mais si vous avez accès à une terre argileuse, n’hésitez pas à l’utiliser en remplacement de la poudre.
Pour réaliser une vingtaine de bombes à graines, mélanger dans un saladier
– 10 cuillères à soupe de terreau et un peu de charbon de bois .
– 8 cuillères à soupe d’argile en poudre (blanche, rose, verte… peu importe)
– 1 cuillères à soupe de graines
Mélangez soigneusement toutes ces poudres.
Puis versez 50 ml d’eau environ afin d’obtenir la consistance d’une pâte à modeler. Reste à façonner dans le creux de la main des boules de la taille d’une noix.
Laissez sécher à l’air libre pendant 24h environ, afin que l’argile se solidifie. C’est terminé !
Où et quand lancer vos bombes à graines ?

Le printemps est la période idéale pour lancer vos bombes de graines, vous pouvez, en adaptant les semences choisies, les jeter jusqu’à l’automne et en hiver , évitez simplement l’été.
“Le manque de pluie, a pu menacer notre projet, évoque Rémi Bagur, mais les graines sont protégées par un mélange de terre et d’argile. Elles peuvent donc germer plusieurs années après.“
Chaque particulier est libre de s’en procurer et de déterminer la zone de reboisement qu’il choisit . Avec les réseaux sociaux, vous pouvez immortaliser votre geste et poster également le résultat.
Mais Attention soyez responsable !
Voici les réflexions de Jean Claude Istre de la Londe les maures : Ancien chef du service des ventes de l’ONF, à Paris. Directeur de la sécurité civile des Bouches du Rhône et directeur de préfecture dans le Var, à la retraite aujourd’hui .
“Pour venir aux boules végétales en vue du reboisement, il me semble nécessaire de veiller à leur utilisation de façon assez sévère et de ne pas le faire au hasard.”
Jean Claude Istre
En effet, bien qu’il faille diversifier les forêts de façon à ne plus comprendre d’essences les plus inflammables majoritaires : Cas des Landes et du Var, dont l’inflammabilité a été hélas trop démontrée, on ne peut faire exactement l’inverse en semant n’importe quoi.

Comment pourraient vivre côte à côte, peupliers, hêtres, bouleaux, pins, cyprès et espèces plus petites ? On aurait un magma difficilement exploitable, ce que l’on voit en Guyane où il y a tant d’espèces que pratiquement on n’a jamais pu créer d’entreprises forestières importantes. Il faudra donc que les boules puissent être jetées dans des carrés bien déterminés par espèces. Connaître la nature chimique du terrain, siliceux, calcaire, volcanique argileux ou sec, etc.
Prévoir les chemins et sentiers futurs pour n’y rien jeter.
Prévoir du personnel pour veiller à la pousse des arbres et à leur protection contre la dent des chèvres et des moutons, celle des lapins, celle des grands herbivores qui raffolent des jeunes pousses et contre les déferlements humains.
Tourisme massif dans les peuplements, rodéos motorisés et VTT
sans compter le vol des jeunes plants…
D’autre part il ne faut pas que dans une boule il y ait des essences mélangées et il faut craindre que si dans une boule, plusieurs graines poussant ensemble, les tiges produites ne viennent se concurrencer, auquel cas on aura un taillis informe et non une futaie où il faudra procéder à un éclaircissement coûteux.
Dans ces conditions je serais tenté de préférer des plantations en tiges que par des boules aux résultats aléatoires jetées n’importe où. Le système pour avoir des résultats probants doit être soigneusement contrôlés si on veut créer de vraies forêts exploitables, prévoir aussi des pleins d’eau et des possibilités d’arrosage si possible.
Par contre pour un parc d’amusement sans vertu économique, on peut plus largement utiliser des boules et on procèdera ensuite au tri des espèces que l’on veut garder.

Le réchauffement climatique a détruit plus de 5.500 hectares de forêt dans la région cet été.
“Avec 1,5 million d’hectares, la forêt en Provence-Alpes-Côte d’Azur représente 9,4 % de la forêt française“, précise l’Office national des forêts (ONF). La région possède le deuxième plus haut taux de boisement en France, après la Nouvelle-Aquitaine. À titre comparatif, la région PACA possède 48 % de forêts, tandis que la moyenne nationale est à 29 %.
La région PACA possède plus de forêts privées (55 %) que de forêts publiques (45 %). La forêt domaniale des Calanques, dans les Bouches-du-Rhône, est la plus visitée en Paca, avec plus de 200 000 touristes par an.
L’état , les Collectivités locales et régionales
se mobilisent également !
Lors de ses vœux de bonne année, le président de la région, Renaud Muselier, a promis de planter d’ici 2028 cinq millions d’arbres, soit un par habitant. Il souhaite faire de la région Paca, “une région neutre en carbone d’ici 2050“. Au début de son mandat, il envisageait d’en planter seulement un million.
Nous avons tous une Bombe à lâcher !

1 milliard d’arbres plantés d’ici 2030 pour faire face au #changementclimatique : un engagement réaffirmé par @ChristopheBechu lors de sa visite en Gironde avec @BCouillard33 aux côtés des équipes #ONF. #forêt #jagispourlaforêt @Ecologie_Gouv @Agri_Gouv @EmmanuelMacron pic.twitter.com/DyPXLKhQ5a
— ONF (@ONF_Officiel) November 5, 2022