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L’ancienne Corderie Royale de Toulon , le choix du Roi.

Elle fut construite à partir de 1686,

sur des plans établis par Vauban,

La Corderie Royale de Toulon ne passe pas inaperçue , ce fut une une commande de Louis XIV.

Quand son premier ministre Mazarin décède en 1661, Louis XIV fait un bilan de la Marine royale : des ports et des arsenaux peu performants et seulement une petite vingtaine de navires en bon état. La Marine anglaise, elle, en compte environ 150 !

Le roi veut alors renforcer sa Marine, la rendre aussi puissante que son armée de terre, afin qu’elle puisse rivaliser avec celle d’Angleterre.

Elle se déploie sur environ 400 mètres et comprend une aile centrale encadrée par deux pavillons mansardés.

A découvrir cet été dans le Var , aujourd’hui s’y trouve le service historique de la Marine.

L'édifice dédié à la fabrication des cordages répartissait son activité sur deux étages. La corderie royale de Toulon se déploie sur environ 400 mètres.
Corderie royale de Toulon

L’édifice dédié à la fabrication des cordages répartissait son activité sur deux étages.

Un bâtiment à l’architecture fonctionnelle qui a joué un grand rôle dans la construction  des vaisseaux à voile.

L’Arsenal de Toulon que nous connaissons aujourd’hui est l’héritage de ses travaux menés à la fin du XVIIIe siècle. 

A l’époque ce fut C’est la plus grande Corderie Royale de France. Un bâtiment construit pour fabriquer des cordages pour la marine et les vaisseaux devant celui de Rochefort sur Mer ( construit en 1666 ).

Les mensurations de la Corderie Royale de Toulon sont impressionnantes : 402 mètres de long et 20 mètres de large.
402 mètres de long et 20 mètres de large. 

Du chanvre aux cordages !

La matière première

  • La fabrication de cordages nécessite du chanvre qui a la particularité d’être composé de fibres très longues et solides (certaines peuvent atteindre jusqu’à 4 mètres).
  • Cette plante est cultivée dans certaines provinces françaises comme l’Anjou, l’Auvergne ou la Bretagne.

Toulon en importe également d’Asie, d’Italie du Sud ou de Russie.

  • Pour pouvoir être utilisé, le chanvre, une fois débarrassé de ses grains, doit être préparé.

– Il faut le « rouir » en le trempant dans l’eau environ une dizaine de jours, ce qui va permettre de délier entre elles fibres et écorce appelée « chènevotte ».- Après un temps de séchage, les cultivateurs éliminent la chènevotte à l’aide d’une broie pour ne garder que la fibre.- Ensuite la filasse est rassemblée en faisceaux dits « queue de rat », pliés et liés, ou tordus sur eux-mêmes, qui sont conditionnés en ballots pour l’acheminement vers les arsenaux.Livraison de ballots de chanvre dans le port de Rochefort.
Détail du tableau de Joseph Vernet.

  • À la Corderie royale, une commission examine leur qualité : le chanvre recherché doit avoir une couleur uniforme, être fin, doux au toucher.
    « Les chanvres du Nord (en particulier de Riga en Russie) et d’Italie sont les plus appréciés au XVIIIe siècle.
  • Le chanvre est stocké dans les magasins à chanvre, à l’étage et à l’abri de l’humidité, en attendant que la filasse subisse un affinage.

Le peignage

Dans cet atelier, la filasse de chanvre subit deux traitements successifs.
1) Les espadeurs finissent d’éliminer la chèvenotte si cela n’a pas été entièrement fait par les producteurs. Ils n’utilisent pas de broie, mais des palettes de bois avec lesquelles ils frappent les tiges de chanvre.
2) Les peigneurs affinent la filasse à l’aide de peignes de différentes tailles (appelés aussi sérans), jusqu’à obtenir une belle fibre. Pour cela ils jettent fortement une poignée de chanvre sur le peigne et la tirent vers eux.

Les fibres trop courtes ou les résidus ne sont pas perdus. C’est « l’étoupe » qui va être utilisée en complément du « bitord » pour calfater les interstices des planches de la coque des navires, afin de les rendre étanches.

Le filage

  • Ce travail constitue le pré-requis indispensable aux étapes suivantes.

Dans toute la longueur de la Corderie (ou au minimum sur 300 mètres), les fileurs façonnent « le fil de caret », élément basique de n’importe quel cordage.

  • Pour cela, ils utilisent un rouet muni d’un crochet auquel est nouée une extrémité du chanvre. La rotation du crochet va obliger les fibres à se tortiller sur elles-mêmes. Au fur et à mesure que les fileurs reculent dans l’atelier, ils approvisionnent le fil en formation avec de nouvelles fibres prélevées dans leur « peignon » de chanvre, tout en régularisant l’épaisseur du fil formé et sa tension sur toute sa longueur.
  • Une fois terminé, le fil de caret est enroulé sur un touret pour qu’il ne s’emmêle pas et soit transporté plus facilement vers l’atelier suivant.
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L’atelier de cordage

C’est le domaine des cordiers et maîtres cordiers qui vont assembler plusieurs fils de caret pour en faire des torons puis des cordages.

Et cela en deux étapes.


1) le toronnage : les cordiers disposent de deux appareils, le “chantier” et le “carré” (qui est

mobile), chacun avec une manivelle, et disposés aux extrémités de l’atelier. Entre les deux, on place un toupin, possédant un certain nombre de rainures qui vont guider régulièrement les fils de caret. Au fur et à mesure que l’on tourne les manivelles, le toron se forme, réduisant sa longueur et faisant avancer le carré.


2) le commettage : les extrémités du toron sont ensuite attachées à la même manivelle et ceux-ci sont tordus sur eux-mêmes : ils « se commettent » et vont former le cordage souhaité. À la fin du processus la longueur obtenue a été réduite d’un tiers par rapport au départ. Une corderie d’un longueur de 300 mètres donnera donc des cordages de 200 mètres (ce qui correspond à une encablure).


Plus tard, les progrès de la mécanisation ont facilité le travail des cordiers.

Voici ci-dessous la maquette d’une machine à toronner, ainsi qu’une machine à commettre de la Corderie royale, avec tous ses crochets, datant de la fin du XIXe siècle.

Maquette d’une machine à toronner.

La plupart des cordages étant destinée à la navigation, il faut les imperméabiliser en partie. Pas tous, pour ne pas les alourdir, comme ceux réservés aux manœuvres des voiles, mais au moins ceux du gréement appelé “dormant”, c’est à dire les cordages reliés à la mâture, car le goudron leur procure meilleure résistance et longévité. D’ailleurs, au XVIIe siècle, les avis étaient partagés quant au choix entre cordages “blancs” et cordages “noirs”.

Le goudronnage peut se faire directement sur le fil de caret, ou bien alors sur le cordage terminé. La Corderie royale pratiquait les deux méthodes.

Au préalable, il faut assécher les cordages contenant encore une part d’humidité : ils sont donc laissés environ une semaine dans une étuve (située au milieu du corps de logis, dans le double pavillon). Ensuite ils sont trempés dans un bain de goudron, temporairement, puis égouttés.

Le goudron employé est obtenu en laissant diverses essences de bois résineux se consumer et suinter.

Il fallait bien évidemment une forte main d’œuvre pour travailler dans cette arsenal , on estime que pour la moitié elle était composé de travailleurs spécialisés pour l’autre de Forçats directement issus du bagne de Toulon qui était attenant à la Corderie .

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Forçats au bagne de Toulon

Pouvant loger plus de 4 000 forçats, il fut le bagne le plus grand, et aussi le plus longtemps ouvert, de 1748 à 1873, cessant d’exister avec la création des bagnes de Cayenne et de Nouvelle-Calédonie.

Ceux ci étaient constamment ferrés avec des chaines. Le mot « bagne » vient de l’italien bagno, qui était le nom d’une ancienne prison à Livourne, construite à l’emplacement d’anciens bains publics romains.

À Toulon, on logea les forçats sur les anciennes galères démâtées, les bagnes flottants et on les employa dans les travaux les plus pénibles : sur le port, dans l’arsenal, dans la corderie ou dans les carrières de pierres.

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Louis XIV voulut reconstruire la flotte royale pour avoir un corps de galères. Mais se posait le problème des rameurs. Colbert, pour résoudre ce problème, ordonna que l’on applique plus souvent la peine des galères, jusqu’alors seulement appliquée en temps de guerre : « Sa majesté désirant rétablir le corps de ses galères et en fortifier la chiourme par tous les moyens, son intention est que vous teniez la main à ce que votre compagnie y condamne le plus grand nombre de coupables qu’il se pourra, et que l’on convertisse même la peine de mort en celle des galères ».

Pour un siècle, il suffisait d’avoir la

« mauvaise gueule » pour se retrouver sur les galères.

« Quiconque aura été condamné à la peine des travaux forcés, sera flétri, sur la place publique, par l’application d’une empreinte avec un fer brûlant sur l’épaule droite.

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Cette empreinte sera faite des lettres TP pour travaux à perpétuité, de la lettre T pour les travaux à temps.

La lettre F sera ajoutée dans l’empreinte si le coupable est un faussaire. »

article 20 du Bagne de Toulon

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« Quiconque aura été condamné à une des peines de travaux forcés, avant de subir sa peine sera attaché au carcan sur la place publique : il y demeurera exposé aux regards du peuple durant la journée entière. Au-dessus de sa tête sera placé un écriteau portant en caractères gros et lisibles ses noms, sa profession, son domicile, sa peine et la cause de sa condamnation. »

Article 22 du bagne de Toulon
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 « Fatalitas ! ».

En 1804, le jeune Schopenhauer visite le sud de la France, il passe par Marseille et Toulon ; il a tout juste 16 ans :

« Les galériens exécutent dans l’Arsenal toutes les corvées. Un étranger ne peut être que frappé par leur aspect. On les

a répartis en trois catégories:

Dans la première, on trouve regroupés les forçats condamnés à de courtes peines pour les crimes les moins graves: entre autres les déserteurs, les soldats qui ont refusé d’obéir aux ordres, etc.

Ils portent un anneau de fer à la cheville et ils peuvent vaquer à leur guise – à l’intérieur de l’Arsenal s’entend , car l’accès à la ville de Toulon leur est interdit.

Dans la deuxième catégorie se trouvent des criminels plus dangereux: ils travaillent par paires; ils sont attachés aux pieds, deux à deux par de lourdes chaînes.

Les criminels les plus dangereux forment la troisième catégorie: ils sont rivés en permanence au banc de leur galère et astreints aux seules besognes que leur permet la position assise.

Je trouve le sort réservé à ces malheureux bien plus effrayant que la peine de mort. Je n’ai pas visité l’intérieur d’une galère. Elles me paraissent néanmoins être l’endroit du monde le plus repoussant et le plus apte à inspirer le dégoût.

Ces galères ne prennent jamais la mer; ce sont de vieux bâtiments réformés.

Le camp du forçat se limite au banc auquel il est enchaîné, sa nourriture au pain et à l’eau.

Je ne comprends pas comment, minés par le chagrin et sans aliments roboratifs, le poids des corvées n’a pas raison de leurs forces.

En effet, pendant leurs années d’esclavage, on ne les traite pas autrement que comme des bêtes de somme. »

Arthur Schopenhauer, Journal de voyage 

On dit qu’il exista une épitaphe dans l’arsenal :

” bagnards qui passez. Comme vous j’ai passé. 

Comme moi vous passerez.

Aujourd’hui, la Corderie Royale de Toulon est un lieu d’expositions et d’animations très prisé par les Toulonnais et par les habitants des environs.

Le musée national de la Marine à Toulon :

propose jusqu’au 31 Décembre 2021une immersion esthétique et historique dans l’univers des sous-marins et la vie des équipages à bord. À travers une sélection de photographies issues des archives de l’ECPAD, l’exposition explore les différentes facettes du sous-marin. Le parcours aborde le plan historique, notamment durant les deux guerres mondiales, puis l’aspect plus prosaïque mais tout aussi essentiel de la vie à bord, et enfin se termine sur le lien armée-nation.

Histoire, vie à bord, lien armée-nation 

Véritable mémoire de l’arsenal, le musée national de la Marine retrace la manière dont Toulon est devenu progressivement le plus grand port de guerre de la Méditerranée dès le règne de Louis XIV. À partir d’une collection de maquettes de navires, de peintures et d’instruments scientifiques, le musée témoigne de l’exceptionnelle vitalité de l’activité de cet arsenal depuis plus de 350 ans. Au sein du parcours, un espace est spécifiquement dédié à la Marine d’aujourd’hui autour des sous-marins et des porte-avions. L’exposition photo conçue en partenariat avec l’ECPAD prolonge ainsi le parcours permanent en portant le témoignage des sous-marins, combattants de l’ombre, et de la vie de leurs équipages.

Bannière Plongée, contre-plongée : les sous-marins dans l’objectif, l’exposition conçue par l’ECPAD ouvre ses portes au musée national de la Marine à Toulon.

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