Auteur : Philippe Natalini, l’enquêteur de Section de recherche en
Gendarmerie , devenu romancier pour raconter le débarquement de Provence
Retour aujourd’hui sur une des nombreuses actions de la Résistance varoise du secteur de Draguignan.
Le comité de libération de Draguignan décide de faire liquider deux hommes de main de la Gestapo de Draguignan.
Les cibles désignées sont deux miliciens zélés, Marcel Massiach et Julien Viard.
Ce sont de jeunes hommes, du même âge que les maquisards (l’un d’eux avait même été réfractaire au STO), petits voyous, repérés depuis longtemps dans leurs expéditions à Draguignan et dans les communes de l’arrondissement, œuvrant avec zèle et cruauté au service de la Gestapo locale contre les résistants.
La Résistance dracénoise tente donc d’exécuter ces deux individus aux Arcs le 10 mai 1944.
L’affaire échoue, mais l’une des deux cibles, Massiach, est très serieusement blessée.
Lors de cette opération, un des résistants y participant, le jeune Lorrain André Bigel est grièvement blessé.
Celui-ci, caché et soigné par des fermiers voisins, les Guido, est découvert et arrêté par la Gestapo le 11 mai 1944.
Les fermiers l’hébergeant ainsi qu’un autre paysan, le vieux militant antifasciste italien, Vermiglio (qui sera torturé et mourra en déportation), sont également arrêtés.
Quelques jours plus tard, la Résistance dracénoise décide de faire évader Bigel de l’hôpital dracénois où il est soigné.
L’affaire est minutieusement préparée par plusieurs intervenants dont : le commandant Jean-Marie Blanc chef FFI des Arcs tout fraîchement entré en clandestinité car recherché par les Allemands, le Docteur Angelin German, et le gardien-chef de la prison Dracénoise, Monsieur Veyret.
Cette opération s’effectue le 2 juin 1944, par l’emploi de divers résistants appartenant à différents groupes locaux.
Elle a impliqué l’aide de plusieurs résistants du secteur dracénois, entre autres : Hélène Massonnat, également membre du réseau F2, Angelin Clair qui hébergera le convalescent, deux hommes du maquis Vallier, le Docteur Gayrard qui soigne Bigel, et également trois résistants de La Motte (André Bauchieres, Maurice Michel et Jules Castellan).
Cette opération de sauvetage donne une idée de la somme de complicités et de connivences que supposait chaque action.
Il apparaît également que des hommes du maquis Vallier sont là pour protéger l’opération, surveiller les deux gestapistes et les empêcher d’intervenir éventuellement.
Finalement, André Bigel sera exfiltré sans encombre.
À la libération, Massiach et Viard seront quand à eux arrêtés, condamnés à mort par la cours de Justice de Draguignan le 05 octobre 1944 et fusillés le 07 octobre 1944.
Jules Castellan, le dernier Résistant mottois, a reçu la croix du souvenir devant les trois officiers de liaison anglais, américains et allemands présent lors de cette cérémonie , il est décédé le le 03 avril 2020 à l’âge de 96 ans.
(À ce propos, voir le reportage incroyable de Honnorat Jean Claude
sur Canal D à propos de Marcel Massiach)