Auteur : Philippe Natalini, l’enquêteur de Section de recherche en
Gendarmerie , devenu romancier pour raconter le débarquement de Provence
La guerre héroïque de Frank ARNAL résistant et patriote .
Avec le parcours d’un varois, résistant à l’occupant de la première heure, je reviens aujourd’hui sur l’action plus que respectable, exemplaire et patriotique de Monsieur Frank ARNAL .
Né le 30 octobre 1898 à Vialas (Lozère), Frank Arnal est décédé le 23 juin 1985 à Carqueiranne (Var).
Son père, fils d’un mineur, devenu gendarme à Pont-de-Monvert (Lozère), à Lussan puis à Uzès (Gard) et sa mère, sans profession, avaient cinq enfants.
Républicains, protestants, ils envoyèrent leur fils Frank (orthographié par la suite Franck) Arnal à l’école laïque puis à l’école primaire supérieure de Bagnols-sur-Cèze où il obtint le brevet élémentaire.
Au début de la guerre, son oncle, pharmacien
à Toulon, le fit venir près de lui.
Après avoir suivi pendant une année les cours du lycée, F. Arnal fut mobilisé le 18 avril 1917 dans l’artillerie à Nîmes.
Il connut le front (Lorraine, Verdun), puis suivit les cours de l’école des officiers de réserve de Fontainebleau (16 août 1918-25 décembre 1918) d’où il sortit aspirant.
Démobilisé comme sous-lieutenant le 30 mai 1920, reçu à la session spéciale du baccalauréat, il entra à l’école de plein exercice de pharmacie de Marseille, obtint son diplôme à la Faculté de Montpellier, le 13 novembre 1925 et le titre de docteur après une thèse consacrée aux eaux ferrugineuses du Massif des Maures.
Arnal succéda alors à son oncle dans la pharmacie de la Poissonnerie,
30 rue des Marchands, au centre de Toulon.
Membre de la section socialiste SFIO en 1921 (selon le questionnaire qu’il remit en 1957 à la fédération socialiste du Var), de la Ligue des Droits de l’Homme et des Amis de l’école laïque, membre actif de la société sportive Pro Patria, F. Arnal était passionné de rugby.
Son mariage à Toulon en septembre 1928 fut conclu par son ami Joseph Risterucci, alors adjoint au maire socialiste.
Son épouse, qui fut sa marraine de guerre, tenait un magasin de laines à Toulon.
F. Arnal soutenait financièrement la presse socialiste varoise, et notamment Le Populaire du Var à partir de 1934. Il prit une part plus active à la vie politique lorsque la menace de guerre et de fascisme grandit. Il présidait le syndicat des pharmaciens du Var depuis le milieu des années 1930 et fut nommé membre de la Chambre régionale des pharmaciens en 1941.
De 1938 à 1940, Frank Arnal préside le syndicat des pharmaciens du Var.
Lors de la seconde guerre mondiale,
le chef régional du réseau “Bar”.
Mobilisé comme capitaine le 1er avril 1940 au dépôt d’artillerie de Nîmes (Gard), après avoir participé à la bataille de la Somme en juin 1940, il fut démobilisé le 31 juillet.
Il reprend le combat dans la Résistance dès l’armistice au sein des réseaux F2, Etoile, Ritz Crocus.
En contact avec les représentants du général Cochet et avec le premier noyau de “Franc-Tireur“, il hébergea à diverses reprises le fondateur du mouvement Jean-Pierre Lévy.
Il est arrêté le 31 octobre 1941 et détenu jusqu’au 1er mai 1942 au Fort Saint Nicolas, mais n’est pas inculpé.
Il supervisa la préparation de la Libération dans le Var (mise en place des comités locaux de Libération, préparation du maquis de Siou Blanc).
Entré dans la clandestinité depuis novembre 1943 après l’arrestation de sa secrétaire par les Allemands, il fut hébergé par les Dominicains de la Sainte-Baume, par l’abbé Deschamps à La Crau, à la ferme Humbert à Bormes.
En liaison avec l’état-major départemental FFI et la mission Sampan chargée d’empêcher les destructions allemandes, il joua un rôle actif dans la coordination des divers groupes de résistance à l’été 1944.
Après le sabordage de la flotte à Toulon en novembre 1942, Frank Arnal rassemble, organise et dirige les premiers éléments de la Résistance dans la marine.
Il devient le chef régional du service de renseignements du Mouvement de libération nationale pour la région R2 qui deviendra réseau Gallia RPA-BAR.
Il reçoit des équipes anti sabotages venues d’Alger et établit avec leurs chefs la mise en place du plan d’insurrection.
Il participe aux combats pour la libération de Toulon, combats au cours desquels il est blessé le 21 août 1944.
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Ses services de guerre sont récompensés par la cravate de commandeur de la Légion d’honneur, la médaille de la Résistance avec rosette, la croix de guerre (1939-1945) et la croix d’officier de l’Empire britannique.
A la Libération, il est nommé :– Président du Comité Départemental de la Libération (1943-1944) de Toulon. – Président de la délégation spéciale pour remplir les fonctions de maire du 4 septembre 1944 au 18 mai 1945.
Il est chargé de gérer les intérêts de la ville jusqu’aux élections suivantes.
Député du Var de 1946 à 1958. – Secrétaire d’État de la Marine du 17 juin 1957 au 6 novembre 1957.
F. Arnal séjournait dans sa maison de Carqueiranne (Var), où il avait reçu souvent Guy Mollet, quand il mourut à l’hôpital d’Hyères et fut enterré à Vialas.