Auteur :
Philippe Natalini, l’enquêteur de Section de
recherche en Gendarmerie , devenu romancier pour raconter le débarquement de Provence
ll y a 79 ans jour pour jour, le 16 octobre 1942,
Jean Moulin sous la fausse identité de Jacques Martel, signalait au préfet des Alpes-Maritimes qu’il louait un local au 22 rue de France à Nice afin d’y établir une galerie d’art moderne baptisée galerie “Romanin”.
Cette galerie avait officiellement vocation à exposer des œuvres d’art moderne, et tiendra son nom du fait, qu’avant-guerre, Jean Moulin était un dessinateur et aquarelliste talentueux, signant ses œuvres du pseudo “Romanin” : On y achète des Matisse, des Dufy, des Utrillo, des Renoir ou des Marie Laurencin…
En réalité, cette galerie aura une utilisation toute autre et servira de couverture.
En effet, le local qui possède un appartement duplex servira d’hébergement aux agents du BCRA et autres membres des MUR lorsqu’ils œuvraient sur la Côte d’Azur.
Ces agents de la Résistance se présentaient à Colette Pons, directrice de la galerie,
et lui disaient
“la clé de Rex”.
Elle continuera toute sa vie à l’appeler “le patron”
Souvent, elle confie des clés ou sert de boîte aux lettres à ceux qui, de passage à Nice, viennent la voir au nom de “Max” ou de “Rex”.
Sans poser de questions.
Ce code leur permettait d’occuper immédiatement l’appartement de la galerie sans qu’on leur demande d’autres explications.
Pour des raisons de sécurité, Jean Moulin n’a jamais séjourné dans ce point de chute.
Lorsqu’il était sur Nice, il louait une chambre non loin de là, sous une fausse identité.
En juillet 1943, la jeune femme reçoit un télégramme laconique signé Laure Moulin, la soeur de Jean :
“Vendez comme convenu.”
Elle en comprend tout de suite le sens, vide la galerie en l’espace d’une nuit, puis se réfugie dans le Vaucluse. Elle apprendra plus tard que le fondateur du Conseil national de la Résistance a été arrêté quelques jours auparavant à Caluire, près de Lyon, par la Gestapo.
Remariée à la Libération avec Philippe-Daniel Dreyfus (1912-1993), un ancien parachutiste des Forces françaises libres, Colette Pons répondait volontiers aux questions des historiens sans jamais magnifier son rôle.
Une plaque commémorative rappelant ce qui précède et l’action de Jean Moulin dans ce secteur, est apposée au 22 rue de France à Nice.
N’oublions pas…